Paris, deuxième arrondissement, Place de la bourse, 9H00, sortie du métro ligne 3.
L’ancienne Bourse est au cœur de la place. L’AFP et l’OBS se font face. Le reste des bâtiments sont des banques ou des magasins de haut standing.
La place est rectangulaire, hermétique. Un axe majeur la borde. Les lignes de bus s’enchaînent, les camions défilent, les voitures se succèdent. Les trois autres côtés sont des rues moins importantes, dont une permettant d’aller au parking souterrain. Après un repérage, il n’y a aucune voie sans issue, seulement quelques rues calmes, banales et résidentielles.
Cependant il y a des zones à risques. Un chantier se trouve à proximité, impliquant des multiples allers-retours, un flux continu, du bruit, des nuisances, des travailleurs. Des mouvements qui impliquent une possible hausse du danger sur la place et ses alentours. Devant la place, se trouvent deux ruelles sous des arcades qui peuvent impliquer un risque de trafic.
A cela s’ajoute, les hommes en costumes qui s’enchaînent, des hommes avec des attachés-cases, ou bien ceux qui transportent des colis.
Les costumes et les talons hauts affluent sur la place transitoire, sortent du métro par petits paquets, en fonction du va et vient des rames. Ils se séparent en haut de la place, connaissant déjà leurs chemins et leurs destinations finales. Le kiosque ouvre, les premiers clients arrivent. Les habitués, les connaisseurs montent les marches jusqu’au salon du jour (thème du jour dans les locaux de l’ancienne Bourse : « cadeau de luxe »). Les cafés et bistrots servent encore les petits déjeuners. Quelques touristes font le tour de la place, y restent quelques secondes le temps de mettre en place leurs barres à selfie, et repartent. La place commence son rythme journalier.
En revanche les caméras de surveillance ont tourné toute la nuit, la vieille, et depuis leurs installations. Tout est observé, enregistré, sauvegardé, analysé.
Le périmètre est quadrillé. Chaque entrée est sécurisée. Des gardes sont postés. Un sas sépare chaque bâtiment de la rue.
Il y a des caméras à droite, à gauche, de plus en plus petites, de mieux en mieux cachées, de plus en plus invisibles. Mais il n’y en pas assez.
Il y a plein d’endroits qui conviennent pour en installer davantage. Il faut étudier toutes les possibilités, les cachettes. En mettre quelqu’une dans des poubelles, derrière des affiches de théâtre, dans les buissons. L’endroit le plus propice est le toit, ce lieu peut nous apporter de vraies réponses. Qui surveille depuis les toits ? Qui ? Pas nous. Il le faut.
Cet homme-là, qui ramasse les déchets, est toujours présent et invisible aux yeux du monde, pourtant il peut transporter quelque chose dans sa poubelle.
Et puis cet homme comme les autres, avec son costume noir, sa cravate terne et ses chaussures cirées qui regarde son téléphone. Que regarde-t-il ? A qui téléphone-t-il ?
Et puis la serveuse, ne fait-elle pas le relevé des tours de garde du palais ? De celui des hommes fortunés ?
On ne se méfie jamais assez de personnes âgées, ils sont là, partout, tout le temps. Ils paraissent innocents, inoffensifs, mais ils sont surtout transparents. Les gardes du palais, ceux qui surveillent de manière explicite, vus et identifiés par tout le monde, avec une oreillette et un talkie-walkie. Pour qui surveillent-t-ils ? Un autre pays ? Un ennemi ?
Ce qui arrive à se cacher dans le visible, qui devienne imperceptible.
Il faut plus surveiller, tout surveiller. Encore. Encore plus. Pour moins de liberté. Pour aucune liberté.
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